La ménopause les a libérées du syndrome prémenstruel, cet « enfer »
Dépression, fatigue, tensions mammaires, constipation… Le syndrome prémenstruel (SPM) touche 20 à 40 % des femmes en âge de procréer, indique l’Inserm. Pour elles, les symptômes qui précèdent l’arrivée des règles sont extrêmement douloureux, voire invalidants, aussi bien sur le plan physique que psychologique.
La ménopause, qui correspond à l’arrêt du fonctionnement ovarien et à la disparition des règles, est redoutée par de nombreuses personnes. Mais pour celles qui souffrent de SPM, cette période peut être libératrice, laissant place à une forme de sérénité. Trois femmes concernées ont accepté de se confier.
« Je suis réglée depuis l’âge de 14 ans. Mes règles m’ont toujours fait mal, et, à la mort de ma mère, quand j’avais 19 ans, les douleurs sont devenues insupportables. À chaque fois, je manquais de tomber dans les pâmés, c’était vraiment l’enfer. Quelques années plus tard, à la trentaine, j’ai commencé à souffrir du syndrome prémenstruel. Tous les mois, deux jours avant les règles, je ressentais totalement une dépression diffuse, et complètement irrépressible. C’est simple, j’avais l’impression que le monde allait s’écrouler sous mes pieds. Je ne servais à rien et me demandais bien pourquoi je vivais encore. C’était épouvantable.
Un jour, j’ai lu un article sur le SPM dans un magazine féminin, et je me suis entièrement reconnue. Ce fut un premier pas vers la prise de conscience. J’en ai également parlé à mon compagnon qui, une fois par mois, me disait : « Tu ne serais pas à deux jours de tes règles ? Je te trouve bien noire… « . Et il avait raison. C’est aussi lui qui m’a aidée à faire le lien entre ces dépressions brèves, mais ultraviolentes, et l’arrivée de mes règles.
Je n’ai jamais bénéficié de traitement. Pour être honnête, je n’osais même pas imaginer que cette extrême souffrance, ce typhon de désespoir, puissent être apaisés d’une façon ou d’une autre. En revanche, j’attendais la ménopause avec impatience…
« Il me semble avoir toujours souffert du syndrome prémenstruel. Les symptômes étaient multiples, et particulièrement pénibles : maux de tête, gonflements du ventre et des seins, boutons et perte de libido. Par ailleurs, je savais que ces douleurs et ces dérèglements hormonaux étaient liés à mon cycle, et je vivais avec, sans trop me poser de questions. Par la suite, j’ai ressenti une forme de soulagement, grâce à un stérilet hormonal que j’ai porté de mes 42 à 54 ans. Cela a considérablement réduit mes symptômes, mais tout est devenu encore plus agréable à la ménopause.
Je suis ménopausée depuis environ un an, mais les changements dans mon corps se sont faits progressivement. J’ai eu des minirègles pendant un an et demi, assorties de bouffées de chaleur nocturnes. Puis, plus rien durant plusieurs mois. Depuis peu, j’ai de nouveau des bouffées de chaleur, aussi bien la nuit que la journée. J’ai aussi pris du poids – trois kilos au niveau de la ceinture abdominale – c’est une catastrophe, surtout pour moi qui suis très sportive et qui ai toujours eu une alimentation équilibrée. Pour autant, ces symptômes n’ont rien à avoir avec le SPM. Ils ne sont pas douloureux, et bien plus supportables.
« Les symptômes de mon SPM sont apparus quelques jours avant mes premières règles, à l’âge de 13 ans. De plus, je me souviens que c’était en avril. Cependant, j’étais très fatiguée et ne me sentais pas bien du tout. Un jour, j’ai ressenti comme des coups très incisifs dans le bas du ventre, des contractions très intenses. J’ai dû m’allonger, car je ne parvenais pas à rester debout. Dans mon lit, je me tournais dans tous les sens, et rien n’y faisait. Ma mère m’a donné un Spasfon et m’a dit de me mettre en chien de fusil. Mes règles sont tombées ce jour-là.
Durant des années, j’ai manqué le collège et le lycée au moins un jour par mois, car il était impossible pour moi de me lever. Mon syndrome prémenstruel durait trois jours au total, dont un qui était particulièrement insupportable. Je souffrais énormément, et devais prendre sur moi pour réguler mon humeur. Cela a tellement affecté mon bien-être que je me suis résolue à prendre la pilule, peu avant mes 18 ans. Ça m’a légèrement aidée, mais les symptômes, certes un peu moins forts, étaient toujours présents. Je savais qu’au moins trois jours par mois, ce serait un enfer. Après mon premier accouchement, je me suis fait poser le DIU [dispositif intra-utérin, ou stérilet, N.D.L.R] Mirena, qui m’a soulagée en supprimant mes règles. Puis, quelques années plus tard, la ménopause a été une tout autre forme de libération, malgré les autres symptômes associés à celui-ci.